J’ai trouvé un livre folio neuf dans sa bibliothèque. Le titre et la photo m’ont attirée. « L’éloge de la fessée » et une photographie horizontale d’une femme coupée des reins aux cuisses. Une jolie photo sensuelle, moderne malgré le n&b ; moderne parce que le corps allongé sur le ventre est un corps jeune, aux normes des canons de notre époque. Des fesses juste rondes ; la taille et les hanches fines. Une photo en contradiction avec le titre, rien qui incite à la fessée.
Cette photo invitait à ouvrir l’esprit sur la fessée, mais de là à en faire un éloge !
Ma curiosité fut donc aiguisée et je lus la première page.
L’auteur prenait soin de dire ce que n’était pas la fessée pour lui. Il cherchait à ôter au lecteur la tentation de rattacher la fessée à l’un des sévices réservé aux enfants ou aux pervers. Je voulais bien être d’accord avec ses propos mais je désirais surtout savoir ce qu’était donc la fessée.
Petit à petit je compris que cet homme faisait avant tout l’éloge des fesses des femmes qu’il a aimées ; mais pourquoi avoir envie de les maltraiter ? De maltraiter ce que l’on aime ?
J’ai rangé le livre en laissant un marque-page. J’y revins chaque jour pour essayer d’avancer dans ma recherche de réponses.
Je laissais l’ouvrage dans le lieu qui lui était à mon avis le mieux approprié, le mieux approprié aux fesses, et que dans l’ancien temps on nommait lieu d’aisance. Ainsi, c’est les fesses nues que je continuais ma lecture.
Je vis que la cachette de mon livre avait été vue.
Je vis un sourire différent.
Je vis une caresse s’attarder plus pensivement sur mes fesses.
Je vis qu’il était le moment d’aborder le sujet.
Je l’abordais au lit, racontant comment j’avais été attirée par le livre ; je fis un compte-rendu qui ne me satisfit pas, je le sortis de sa cachette et entrepris la lecture d’un passage.
Cela excita visiblement Monsieur bien qu’il se défendit d’avoir jamais eu envie de donner une fessée. Quant à moi, je suis sûre de ne jamais avoir eu envie d’en recevoir. Cela m’eut été proposé, j’aurais refusé avec énergie, et regardé mon interlocuteur comme on regarde une bête fauve. Je suis toujours très proche de mon enfance et cela m’aurait fait horreur.
Ma lecture progressait, les arguments de l’auteur se tenaient et ses descriptions des fessées étaient plaisantes à lire parce que bien plus érotiques que ne le laissait entendre mon idée de départ ; mes idées non reçues mais nées des fessées reçues dans l’enfance. De temps à autre je vis que ma lecture continuait à intéresser. Je lus à haute voix d’autres passages. J’avais presque finis l’ouvrage et je ne pouvais pas me résoudre à me contenter de le laisser à l’état de théorie.
J’avais très envie d’essayer ne serait-ce que sans qu’elles fussent aimées à leur juste valeur. La douleur n’était pas ce qui m’effrayait le plus, c’était plutôt la situation.
Et puis, bien sûr, il fallait que mon compagnon partageât la même envie.
Mon désir, il dût le sentir quand je lui lus les passages choisis à voix haute.
La décision fut prise d’un commun accord, comme un jeu amoureux et érotique.
Nous fixâmes le rendez-vous de cette première fessée au lendemain soir, dans son bureau. Toute la journée, la pensée de cette fessée me tourmenta. Puis j’eus un mal fou à me décider sur le choix des vêtements à porter et j’optais pour un chemisier en soie rose, une jupe stricte en lainage écossais, des bas et une culotte noirs.
Arrivée dans son bureau, je contenais mon impatience. Il continuait à discuter, boire son café, tranquillement, sans vraiment quitter son écran, sans parler de notre projet. N’en pouvant plus, je demandais :
- Alors, qu’est-ce qu’on fait ?
Je n’en reviens toujours pas, c’est moi qui disais ça ! Moi qui réclamais une fessée de l’homme que j’aime.
Il était bien plus gêné que moi, mais je compris qu’il avait réfléchi à la mise en scène. Il avait jeté son dévolu sur un tabouret haut, mais une fois sur ses genoux, il constat qu’il n’avait pas l’équilibre nécessaire lorsque je m’allongeai sur ses cuisses. Il préféra une simple chaise ; de cette façon, mes pieds et mes mains atteignaient le sol. Cela fait un drôle de sensation de se retrouver ainsi. Le champ de vision est restreint. Je pouvais cependant tourner la tète et voir une partie de son dos et une partie de mon corps.
Il souleva ma jupe et déjà ce geste produisit un effet d’excitation sur mon sexe qui s’accentua lorsqu’il baissa doucement ma culotte. L’effleurement du tissu à l’entrejambe puis le long de mes cuisses amplifia la sensation que je m’offrais à son regard et à ses mains qui ne tardèrent pas à jouer du soufflet sur mes fesses. Je sentais sa maladresse par le rire que provoquaient certains gestes. Comme le rire est contagieux, je ris à mon tour et je me sentis me détendre. Cela claquait sans faire mal, cela réveillait les muscles la peau ; des sensations enfouies, insoupçonnées. Je sentais mon sexe réagir, couler abondamment étonnamment je me sentais tout à fait bien, comme si quelques chose s’apaisait en moi. La sensation que ma peau, que mes muscles dans cet espace étaient devenus le centre d’intérêt, le centre stratégique de mon plaisir. L’impression qu’il ya méprise que ce n’est pas le bon endroit et que pourtant ça marche.
Passer du sentiment d’être dans une situation hors norme, insolite et peut-être ridicule, humiliante. Et voir malgré tout que c’est le plaisir du corps qui l’emporte sur celui de l’esprit. Aussi bien que les longs préliminaires, mon sexe gonflait, se gorgeait de plaisir, rien d’autre que les mains de mon homme s’abattant sur mes fesses avaient ce pouvoir.
Il prit conscience de ce fait en caressant mon sexe et ce fait dût le surprendre et lui faire prendre de l’assurance. Ses gestes se firent plus calculés, son bras se déploya davantage. Je le regardais de temps à autre malgré ma position inconfortable. Je trouvais l’image, de mon point de vue, très érotique.
Lors de la troisième fessée il plia mes jambes. Mon équilibre, plus instable encore ajouta pourtant du plaisir à la fessée. Je ressens à un moment donné de la douleur sur les fesses, ça cingle, ça chauffe. C’est injuste. La main aimée ne devrait pas faire mal. Je redoute la claque prochaine et pourtant je l’attends comme s’il me fallait savoir où est ma limite et où est la sienne.
Sa main chauffe aussi. Il me le dit. Lui aussi ressent une douleur. Il continue cependant. Il ne va pas arrêter alors que moi je la supporte. Il attend que je ne la supporte plus. La première fois, je n’ai rien dit. Si quelques petits gémissements s’échappaient involontairement de ma gorge, aucun mot ne fut prononcé, car l’attention restait concentrée sur l’acte. Nous étions présents aux sensations.
Etonnamment, j’avais l’impression que mes fesses essayaient de se faire plus douces, plus tendres, plus désirables comme si elles l’imploraient de cesser ses coups et de passer aux caresses. Elles cherchaient à le séduire, à le détourner de la fessée, à l’attendrir. Et quelques fois, il consentit à leur demande, caressa, frôla, pénétra. Mon désir de lui devint alors une obsession. Les claques devinrent insupportables, mon corps se raidit, il arrêta. Son désir à lui aussi avait atteint un autre seuil. Il me releva, me prit tendrement dans ses bras, m’embrassa. Puis il me fit mettre à genoux sur la chaise et vint en moi. Ce fut pour moi un immense soulagement. Mon sexe le réclamait et je ressens encore, en écrivant, le trouble qui s’empara de moi et mes reins se cambrent à nouveau. Mon sexe était heureux et mes lèvres enfin se délièrent, et mutine, je lui dit :
- mon chéri, je crois que tu me baises !
Je l’entendis rire et me répondre à l’oreille gauche :
- oui , ma chérie, je te baise, copieusement, et tendrement.
Quelques impressions
Lui :
Plaisir de faire glisser la culotte
La première claque avec la culotte, j’effleure tes fesses pour que mes mains prennent contact avec ton grain de peau. Je dessine un cercle. Je commence par la fesse gauche puis la droite. Je la serre un peu et la première claque s’abat. Je sens ta fesse détendue, dans l’acceptation, le consentement. La claque est bien accueillie. Elle fait remonter la fesse dans un bref mouvement et je la vois retrouver sa forme originelle. Je claque sur la fesse gauche et j’observe le même mouvement avec le même plaisir.
Plaisir visuel
Relever la jupe jusqu’en haut des reins, passer le doigt dans la culotte pour la remettre à sa place. Silence religieux. Les fesses protégées par le tissus il y a encore un filtre, une protection. Je glisse ma main gauche sous ton ventre pour te fixer sur mes genoux, ça provoque un plaisir. Dernier réglage, créer un mouvement des fesses émouvant. La hanche gauche en contact avec mon tourment naissant. Glisser l’index au dessus de la culotte, le pouce pour faire pince et je fais glisser doucement la culotte qui laisse apparaître les fesses.
Avec la main gauche, je soulève ton bassin pour faire glisser la culotte le long des cuisses. Tes fesses nues, rondes et encore innocentes, confiantes. Là, je caresse, chaque fesse. Nouvelle claque, plus sèche pour donner le ton. Mouvement très rapide sur le plat de la main, doigts tendus. Mouvement du poignet, repart aussitôt, comme au tennis : un coup droit sec et précis.
Je prends le temps de parcourir encore une fois les fesses avant de mettre une claque sur chaque fesse. J’entends ton premier gémissement, presque un soulagement. Comme si tes fesses étaient à la fête, comme si elle étaient contentes que je leur porte une attention particulière. Claque sèche. Je sens ton ventre rouler sous ma main gauche et mon geste à peine terminé qu’un soupir plus avoué s’échappe de ta bouche comme donnant un blanc seing. Je sens que je peux livrer un assaut, entre claques sèches et plus tendres, en alternance à gauche et à droite. Là, à nouveau, je te remonte un peu sur mes genoux, relevant ton bassin et je vois ton sexe humide sous ta croupe. Je vois des perles de plaisir et je ne peux m’empêcher de toucher tes lèvres et de remonter caresser ta petite étoile. Comme pour m’excuser de m’être laissé aller à cette faiblesse, ma main droite s’abat à nouveau avec vigueur, et là, c’est la volée. Une série de claques en variant le rythme. Comme en musique, une noire, une blanche. J’orchestre cette cascade de claques au rythme de tes soupirs, plus ils sont profonds, plus j’accentue la cadence. Mes mains chauffent, mes paumes sont brûlantes et rougissent autant que tes délicieuses pommes offertes à mon regard.
Mon tourment grandit au fur et à mesure de l’intensité de tes gémissements et de mes claques. Comme si un dialogues s’instaurait entre ta voix et la musique des claques. Le son des claques s’épure, je sens la qualité de la claque au son qu’elle produit. Ton grain de peau est chauffé et assoupli. J’en profite pour admirer ton entrejambe. Je vois ton sexe gonflé d’où s’échappe une cyprine abondante, j’entends la plainte sortir de ta gorge.
Mon sexe tendu, pris sous le carcan de ta hanche qui roule, me donne envie de venir en toi. J’ai eu envie d’arrêter quand j’ai vu les empreintes de mes doigts sur la chair.
Un moment de plaisir ne doit pas devenir un moment de douleur, les muscles de tes cuisses se tendent par protection tes jambes se raidissent. Là, j’ai envie de toi, envie de t’achever. Tu tombes dans mes bras, nous nous embrassons.
L’espace est restreint. C’est un moment dédié à tes fesses. Je ne vois pas ton visage, tes seins. C’est plus facile. Je ne suis pas vu, pas observé. Tes fesses sont à la merci de mon regard et de mes mains. La position fait que tu es offerte ; c’est pour ça qu’à un moment j’ai glissé un doigt dans ton sexe, dans ta petite étoile, comme si j’en prenais possession. Cela faisait quinze jours sans fessée, ça faisait long. Ma première envie après la fessée, c’est de venir derrière toi, te faire pencher et achever ce que j’avais commencé. De t’achever. J’ai vu mon sexe disparaître en toi. J’avais envie de pénétrer ton sexe que j’avais pénétré du regard. Je venu en toi sans aucune difficulté, avec le désir de te tisonner. J’ai eu aussi envie de venir dans tes fesses, mon amour.
Elle
Cette première fessée fut un moment très fort. Elle a occupé nos conversations souvent. Je lui demandais de me décrire ce qu’il avait ressenti et nous avions envie tous les deux de recommencer. Mais je n’avais pas terminé le livre sur l’éloge de la fessée. Je ralentissais ma lecture vers la fin, comme souvent quand j’aime ce qui est écrit, pour retarder le moment de la séparation définitive mais pas seulement. J’avais envie que nous découvrions par nous même. Nous étions des apprentis de la fessée. Lui, homme d’images, alla s’informer sur les photos de fessées.
Il y eu d’autres fessées avant que je n’achève l’ouvrage.
Et quand j’ai terminé, je ne savais plus trop si j’étais d’accord avec l’auteur. Pour lui, la fessée était un des moyens d’évacuer les tensions installées dans le couple. Avec sa femme, ils avaient instauré ce rituel de façon hebdomadaire. C’était leur rendez-vous. Je l’admettais. Mais il en vint à parler du moment où il arrêtait la fessée. Il arrêtait lorsque sa femme pleurait. Cela me choqua, je l’avoue. J’y voyais une forme de violence. Il expliquait que plus les tensions étaient importantes dans leur couple, plus sa femme avait accumulé de griefs contre lui, plus elle était longue à pleurer. Pour lui, la fessée vaut mieux que les discussions stériles. Puis j’ai relu encore et encore ce passage, il n’utilisait pas le verbe pleurer dans sa description, il utilisait une périphrase. C’est lorsqu’il voyait des larmes dans les yeux de sa femme qu’il cessait la fessée. C’est ici que je béni Freud et la psychanalyse, car si aucune larme ne s’échappe de mes yeux au moment de la fessée, de nombreuses larmes coulent de mon intimité à ce moment là.
Il m’a confié, quand je lui ai lu le passage final, où l’auteur se sent, après la fessée, comme un chevalier prenant d’assaut une forteresse, avoir ressenti avec la même force l’envie de me prendre. C’est bon de se sentir désirée à ce point par l’homme qu’on aime.
Nous avons tenté de faire de la fessée un rituel hebdomadaire mais cela n’est pas toujours possible. Je pense qu'il est davantage dans la retenue que moi et pourtant, à la suite de la fessée, il m’a offert un Rosebud.
Auteurs : L DG.